Mieux connaître le cerveau⚓
Méthode :
Objectifs du module
Connaître les principales parties du cerveau
Comprendre le rôle des neurones
Découvrir des notions clés sur le fonctionnement du cerveau
Quel est l'intêrét pour l'enseignant de mieux connaître le cerveau ?
« Nous ne pouvons pas enseigner convenablement sans posséder, implicitement ou explicitement, un modèle mental de ce qui se passe dans la tête de l’enfant. » Stanislas Dehaene (Entretien avec Stanislas Dehaene, réalisé par Sabine Cassard, Lettre du Collège de France, n°44, 2017-2018).
Acquérir ces connaissances, à la lumière des recherches actuelles, permet à l’enseignant de se constituer une base solide qui lui permettra d’être autonome face à ses choix d’outils et de gestes pédagogiques. L’enseignant peut ainsi se questionner sur l’efficacité des stratégies d’apprentissage mises en place : engagement actif de l’apprenant par une activation des neurones ? Création ou stabilisation de chemins neuronaux ? Création de liens ?
Cette connaissance du cerveau permet aux élèves de favoriser la motivation et d’être autonomes face aux choix des stratégies et/ou des postures apprenantes à favoriser pour apprendre.
Une méta-analyse canadienne de 2018* a pu démontrer l’impact de l’enseignement du concept de neuroplasticité auprès des élèves. Ainsi, les élèves ayant appris que leur cerveau est plastique, qu’il se modifie sans cesse, ont une meilleure activité cérébrale, une plus grande motivation et réussite, en particulier s’ils utilisent simultanément bonnes stratégies et efforts.
*Blanchette Sarrasin J., Nenciovici L., Brault Foisy L.M., Allaire-Duquett G., Riopel M., et Masson S. (2018). Effects of Teaching the Concept Of Neuroplasticity ti Induce a Growth Mindset on Motivation, Achievement, and Brain Activity: A Meta-Analysis. Trends in Neuroscience and education, 12, 22-31.
Comment observer le cerveau ?⚓
L'Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) permet de reconstruire des images très précises de l’extérieur, mais aussi de l’intérieur du cerveau au millimètre près en 2D et 3D. Cet examen est utilisé pour détecter des maladies mais peut aussi être mis au service de l'apprentissage.
En effet, grâce à l'IRM fonctionnelle, les neuroscientifiques ont pu observer des zones du cerveau dont l’activité va se modifier pendant que l’on répond à des questions ou que l'on effectue des tâches (lecture, calcul, observation, appel aux souvenirs...). Cela permet de mieux comprendre comment le cerveau fonctionne et comment on apprend.
Les images ci-contre montrent l'activation de la zone qui traite l'information grâce à une coloration informatique.
Définitions⚓
Les neurosciences sont les études scientifiques du système nerveux, tant du point de vue de sa structure que de son fonctionnement, depuis l'échelle moléculaire jusqu'au niveau des organes, comme le cerveau, voire de l'organisme tout entier. (Wikipédia)
Les neurosciences cognitives désignent le domaine de recherche dans lequel sont étudiés les mécanismes neurobiologiques qui sous-tendent la cognition (perception, motricité, mémoire, raisonnement, émotions...). C'est une branche des sciences cognitives qui fait appel pour une large part aux neurosciences, à la neuropsychologie, à la psychologie cognitive, à l'imagerie cérébrale ainsi qu'à la modélisation. (Wikipédia)
L'IRM fonctionnelle (IRMf) est une imagerie indirecte de l'activité cérébrale, basée sur la détection des variations locales de flux et d'oxygénation du sang secondaires à l'activité neuronale. L'IRMf est en train de devenir un outil essentiel dans le bilan neuro-fonctionnel de nombreux patients neurochirurgicaux, ainsi qu'une méthode unique pour étudier le fonctionnement cérébral normal chez l'adulte et l'enfant. (Journal de radiologie Vol 81, N° 6 - juin 2000 p. 717).
Voyons comment est constitué le cerveau⚓
Si l'on regarde le cerveau par le dessus on distingue 2 parties, que l'on appelle hémisphère.
Il y a l'hémisphère droit et l'hémisphère gauche.
Ces hémisphères sont connectés l’un à l’autre au niveau du corps calleux, structure constituée d’un épais faisceau de connexions neuronales.
Cette structure permet la transmission des informations entre l’hémisphère
Chaque hémisphère peut être divisé en 6 parties qu'on nomme lobes dont 2 non visibles depuis l'extérieur :
le lobe frontal (rouge) gère la planification et le raisonnement
le lobe pariétal (orange) traite les informations spatiales
le lobe temporal (vert) traite les informations auditives
le lobe occipital (jaune) traite les informations visuelles
le lobe limbique (gris) fait ressentir les émotions
le lobe insulaire (gris) permet d'avoir conscience de son corps
En arrière du cerveau se trouve le cervelet. Il joue un rôle dans le contrôle de nos mouvements et de nos actions.
Image : Par Polygon data were generated by Database Center for Life Science(DBCLS)[2]. — Polygon data are from BodyParts3D[1], CC BY-SA 2.1 jp, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=8960342
En savoir plus sur les lobes du cerveau⚓
Le lobe frontal, situé au niveau du front, sert à faire attention, à réfléchir, à choisir les bonnes actions et à prendre des décisions au bon moment.
Juste derrière le lobe frontal, se situe le lobe pariétal. Ce lobe sert à se repérer dans l’espace, à avoir des sensations, à coordonner les mouvements, mais aussi à compter et à faire des mathématiques.
A l’arrière , se trouve le lobe occipital, il est relié aux yeux par le nerf optique, il sert à voir et à lire avec l’aide du dernier lobe visible, le lobe temporal.
Le lobe temporal est situé au niveau des tempes, il sert à entendre car il est relié aux oreilles par le nerf auditif mais aussi à comprendre le langage et à mémoriser, à reconnaître les visages, les objets et surtout les lettres et les mots pour apprendre à lire.
Sans oublier, le lobe limbique situé au centre du cerveau qui permet de ressentir les émotions et qui est impliqué dans toutes les activités donnant du plaisir, notamment celui lié aux récompenses et le lobe insulaire qui permet d'avoir conscience de son corps et notamment en cas de douleurs.
Le cerveau compte 85 milliards de neurones.⚓
Les neurones sont des cellules qui servent à transmettre les informations. Ils sont interconnectés et communiquent entre eux par des messages électriques et chimiques.
Le réseau qui relie les neurones les uns aux autres est très dense. On estime qu'en moyenne, chaque neurone communique avec dix mille de ses collègues - comme si dix mille personnes cherchaient en permanence à vous joindre au téléphone.
En connectant les neurones entre eux de diverses façons, on peut créer toutes sortes de circuits différents.
Voici une représentation d'un neurone.
La plasticité cérébrale⚓
L'apprentissage modifie les réseaux neuronaux en créant, réorganisant ou déconstruisant des connexions. Les chercheurs ont découvert que ces changements peuvent avoir lieu tout au long de la vie. Rien n'est donc joué à la naissance, rien ne se termine à 3 ou 7 ans comme cela a été supposé.
Il est temps de faire un petit point sur ce que vous avez retenu !⚓
- 1
cervelet
- 2
lobe frontal
- 3
lobe temporal
- 4
lobe parietal
- 5
lobe occipital
Steve Masson⚓
Professeur à l'Université du Québec à Montréal où il dirige le Laboratoire de recherche en neuroéducation, a ouvert une chaîne Youtube consacrée au cerveau.
Il propose plusieurs vidéos courtes et très simples. Cette chaîne explore les mécanismes d’apprentissage du cerveau afin d'identifier des stratégies pour mieux apprendre et enseigner.
Vous trouverez dans la diapositive suivante une de ces courtes vidéos qui montre un exemple d'apprentissage (la jonglerie) et des modifications cérébrales qui en découlent.
Les clés de la compréhension⚓
Méthode :
Objectifs du module
Connaître le rôle des fonctions exécutives
Comprendre le principe d'inhibition et ses enjeux
Connaître quelques biais cognitifs pour y résister
Les fonctions exécutives⚓
L'élève qui apprend met en action une série d'opérations cognitives
Les fonctions cognitives sont des processus mentaux qui permettent la manipulation et le traitement des informations qui nous parviennent, que ce soit pour apprendre de nouvelles connaissances ou pour agir dans des situations données.
Les fonctions cognitives sont donc impliquées dans l’acquisition de connaissances, la manipulation d’informations et le raisonnement. Elles incluent les opérations liées aux domaines :
de la perception,
de la mémoire,
des apprentissages,
de l’attention,
de la prise de décision,
du langage.
Kiely, K.M. (2014) Cognitive Function. In: Michalos A.C. (eds) Encyclopedia of Quality of Life and Well-Being Research. Springer, Dordrecht.
Certaines fonctions cognitives dites exécutives sont plus particulièrement mises en action lors d'activités complexes.
Anatomiquement, elles se situent au niveau des lobes frontaux du cerveau (juste derrière le front), et plus particulièrement au niveau du cortex pré-frontal (en interaction avec la plupart des aires cérébrales : aires motrices, aires sensorielles...)
Quel est l'interêt de mieux comprendre les fonctions exécutives ?⚓
« Des enfants entrant à l’école primaire avec de bonnes fonctions exécutives auront davantage de facilité à apprendre à lire, à écrire et à compter. D’où l’intérêt d’entraîner ces fonctions dès le plus jeune âge, à l’aide de méthodes pédagogiques spécifiques, et de favoriser leur développement pendant l’enfance et l’adolescence. »
Adèle DIAMOND, article « Apprendre à apprendre ». Les dossiers de la recherche n°34 de février 2009.
Les recherches actuelles montrent que de bonnes fonctions exécutives dans les premières années de vie, sont plus prédictives de bonnes performances scolaires ultérieures, qu’un bon niveau de QI.
De plus, une autre étude scientifique met en évidence que le frère (ou la sœur) dans la fratrie qui présente les moins bonnes capacités de maîtrise de soi dans l’enfance aura tendance à moins bien réussir académiquement et professionnellement plus tard, à environnement familial identique.
Les fonctions exécutives sont donc un moyen efficace de lutter contre l’échec scolaire et les inégalités scolaires.
Les fonctions exécutives dans le développement de l'enfant⚓
Les fonctions exécutives « permettent à notre cerveau de contrôler l’ensemble des processus et des stratégies à mettre en œuvre dans toute résolution de problème dans la vie quotidienne et à l’école.
Elles jouent un rôle central non seulement dans le développement cognitif et socio émotionnel de l’enfant et de l’adolescent mais aussi dans leurs apprentissages scolaires fondamentaux ».
Grégoire BORSTLe cerveau et les apprentissages, Nathan, 2018
LES FONCTIONS EXECUTIVES SONT :
La mémoire de travail⚓
« La mémoire de travail constitue l’atelier du cerveau.
Elle permet de maintenir activement des informations et de les manipuler pendant quelques dizaines de secondes pour atteindre un but défini a priori. Cette mémoire est mobilisée quand nous devons organiser les informations ou les relier entre elles pour résoudre un problème. »
G. BORST (Le cerveau et les apprentissages, Nathan, 2018).
La flexibilité cognitive⚓
« C’est la capacité à s’adapter aux changements dans notre environnement, qu’il s’agisse de changer de stratégie, d’adopter une perspective différente sur un problème ou plus généralement de chercher d’autres manières de raisonner et de penser. Elle est mobilisée dans toutes les situations où notre cerveau doit s’adapter à un changement de règles, de stratégies de résolution de problème ou d’activités. »
G. BORST (Le cerveau et les apprentissages, Nathan, 2018).
La flexibilité nécessite donc de pouvoir maintenir plusieurs données en mémoire de travail et de pouvoir en inhiber certaines.
L'inhibition⚓
« L’inhibition (ou contrôle inhibiteur) est la capacité à contrôler notre impulsivité, à sortir de nos routines ou à résister à des automatismes. Le contrôle inhibiteur nous permet donc de nous adapter aux changements dans notre environnement et d’exercer notre libre arbitre.
Cette fonction exécutive sera plus amplement développée dans la présentation qui suit. »
Des fonctions de haut niveau⚓
Les fonctions exécutives se définissent comme des processus cognitifs de haut niveau représentant « l’apogée à la fois de l’évolution et du développement mental » A.R. Aron, 2008 Progress in Executive function Research: From tasks, to functions to regions to networks. Current Directions in Psychological Science, 17(2):124-9).
Ces fonctions sont mises en œuvre lorsqu’un traitement contrôlé demande un effort mental particulier. Elles permettent aux individus d’organiser et de structurer leur environnement et leurs actions, surtout dans des situations nouvelles, non automatisées et conflictuelles ou lors de la réalisation de tâches complexes et non automatisées nécessitant un contrôle conscient.
Elles permettent de répondre de façon flexible à l’environnement et d’engager des pensées ou des actions dirigées vers un but.
Elles interviennent donc peu dans les tâches routinières et automatisées.
Quiz⚓
Pour aller plus loin⚓
On trouve également des fonctions exécutives de plus haut niveau qui se construisent sur les 3 premières : la planification, la résolution de problème et le raisonnement.
La planification⚓
C’est la capacité à prévoir, organiser, éventuellement modifier, une série d’actions et de moyens en une ou des séquences les plus efficaces possibles en vue d’atteindre un but.
La planification se caractérise par :
La formulation de buts précis,
L’identification des différentes étapes nécessaires pour les atteindre,
Une bonne organisation de ces étapes,
La prise de décision des actions à mener,
La gestion de ces actions,
L’évaluation des étapes et des actions pour en modifier l’ordre et les moyens d’exécution.
La résolution de problème⚓
Pour résoudre un problème, plusieurs étapes de raisonnement sont mises en jeux comme l’analyse du problème et la détermination du but à atteindre, les choix de stratégies et de solutions, puis la validation du résultat.
Le raisonnement⚓
Face à une situation problème, nous pouvons raisonner de trois façons différentes :
Le raisonnement hypothético-déductif consiste à émettre des hypothèses et des suppositions.
Le raisonnement analogique consiste à trouver des solutions pertinentes déjà identifiées lors de situations problèmes antérieures jugées similaires.
Le raisonnement automatique utilise la mémoire procédurale. Lors de situations familières, nous utilisons des solutions automatiques, spontanées. Cette situation est cognitivement très peu coûteuse.
Testez vos fonctions exécutives⚓
Le test de tracés (Trail Making Test) vous permet de vous rendre compte de l'action de vos fonctions exécutives et plus particulièrement la flexibilité cognitive.
Téléchargez le document que vous trouverez en dessous de cette présentation.
Réalisez la partie A, puis la partie B en vous chronométrant. Le coût cognitif lié à la flexibilité cognitive est mesuré par la différence de temps observée entre la partie A et la partie B.
L'inhibition⚓
Les 3 systèmes cognitifs
D'après Olivier Houdé (Apprendre à résister, Ed Le pommier, 2017), on distingue 3 systèmes cognitifs du cerveau :
Le système 1, système heuristique, est une pensée automatique et intuitive qui fonctionne très bien, très souvent, mais pas toujours.
Le système 2, système algorithmique, est une pensée réfléchie logico-mathématique dont le coût cognitif est fort mais la fiabilité certaine.
Le système 3, système d’inhibition, a une fonction d’arbitrage lorsqu’il y a un conflit entre les deux premiers systèmes. Il va permettre d’interrompre la stratégie heuristique lorsqu’elle est trompeuse et d’activer la stratégie algorithmique pour obtenir la bonne réponse.
Le système heuristique (système 1)⚓
Le terme « heuristique » vient du grec ancien εὑρίσκω, eurisko = « je trouve » (eureka !).
Le système heuristique (système 1) : c’est un niveau rapide, intuitif, sans effort, émotionnel. C'est une méthode de résolution de problème qui ne s'appuie pas sur une analyse détaillée ou exhaustive du problème.
C’est un système redoutablement efficace: grâce à lui, on peut par exemple reconnaître immédiatement une émotion sur un visage ou une intonation de façon subconsciente, on peut agir par “réflexe” ou par “intuition”. C’est surtout le système “par défaut” : comme c’est un système qui mobilise peu de ressources et est très rapide, nous avons intellectuellement tendance à nous reposer dessus consciemment ou pas, ce qui peut donner lieu à différents biais cognitifs. Citons par exemple une mauvaise estimation des probabilités, ou la prévalence de stéréotypes.
Le système algorithmique (système 2)⚓
Le système algorithmique (système 2), est le domaine de la réflexion intense, consciente. C’est typiquement le niveau mobilisé pour une tâche complexe demandant beaucoup de ressources mentales, un niveau qui demande beaucoup d’efforts, de travail, extrêmement fatigant.
Exemple : La tâche piagétienne
Si deux rangées composées du même nombre de jetons sont présentées en correspondance terme à terme à un enfant, il considère qu’il y en a le même nombre. Par contre, une fois les jetons d’une des rangées écartés, l’enfant, avant 6-7 ans, pense qu’il y a plus de jetons dans la rangée la plus longue.
Lors de la réalisation de cette tâche, l’enfant se trouve face à un conflit perceptivo-cognitif. La difficulté tient ici au fait que deux stratégies entrent en compétition et se télescopent : une heuristique visuospatiale « longueur-égale-nombre » et un algorithme de comptage.
La tâche classique piagétienne de conservation du nombre a été réinterprétée à la lumière de cette nouvelle théorie
(Houdé, 2000 ; 2004/2011; Houdé et Guichart, 2001; Houdé et al., 2011).
Le système d’inhibition (système 3)⚓
Le système d’inhibition (système 3) a pour rôle de bloquer le système 1, lorsque ce dernier fait tomber dans un piège, pour basculer dans le système 2, qui apportera une réponse correcte.
Complément : Olivier Houdé
Olivier Houdé Professeur de psychologie à l'université Paris-Descartes, Directeur du Laboratoire de psychologie du développement et de l'éducation de l'enfant (LaPsyDé, CNRS) à la Sorbonne.
A vous de jouer⚓
A VOUS DE JOUER !
Vous aller voir passer des mots. Vous devez dire à haute voix la couleur dans laquelle est écrit ce mot.
Par exemple si vous voyer le mot NOIR : vous devrez dire VERT
L'automatisation⚓
L'automatisation et le contrôle inhibiteur sont 2 formes complémentaires d’apprentissage
Le circuit de la récompense⚓
Un extrait de l'émission "Le monde de Jamy : les derniers secrets du cerveau" va vous aider à comprendre ce qu'est le circuit de la récompense.
L'émission a été diffusée sur France 3 le mercredi 21.09.22 à 21h08 et sera disponible en replay jusqu'au 28.01.23
L'inhibition
Complément :
Vous l'avez compris, notre cerveau ne sait pas vraiment attendre. Il a du mal à résister à toutes les satisfations immédiates qui s'offrent à lui. Mais ce n'est pas une fatalité. Dès le plus jeune âge nous pouvons contrôler notre impulsivité. Vous verrez comment entraîner les élèves à resister dans la partie qui suit.
Mais avant cela et pour nous amuser un peu, nous allons visionner ci-après le test du marshmallow. C'est une étude conduite en 1972 par le psychologue Walter Mischel de l'université Stanford et reprise depuis par plusieurs autres chercheurs.
Un marshmallow (une guimauve) est offert à chaque enfant. Si l'enfant résiste à l'envie de manger la guimauve, il en obtient par la suite deux autres en guise de récompense. Cette situation met en difficulté les enfants qui tentent de résister... ou pas !
Les biais cognitifs⚓
Les biais cognitifs transforment notre perception de la réalité. S'ils provoquent des erreurs de jugement, ce sont tout autant des leviers d’action, pour traiter l’information et pouvoir prendre des décisions pertinentes rapidement et au moindre effort.
Fonctionnement de la pensée
Les biais cognitifs existent car ils nous sont utiles ! Ils nous aident à faire face à 4 situations ordinaires :
Pour être efficace, notre cerveau doit se rappeler des parties les plus importantes et utiles des informations qu’il traite. Le cerveau économise son énergie en évacuant les informations non pertinentes.
Nous sommes submergés d'informations : pour nous éviter d'être en surcharge, notre cerveau doit en filtrer énormément. Certains biais vont servir cet objectif.
Nous avons besoin d’agir vite. Notre cerveau doit prendre des décisions en une fraction de seconde afin d’augmenter nos chances de survie, de sécurité ou de succès.
Pour nous aider à construire du sens à partir des morceaux d’information qui nous parviennent, nous devons remplir les trous et assembler le tout, pour créer notre propre vision du monde.
A ce jour, pas loin de 200 biais ont été repérés.
Toutefois, certains peuvent véritablement nous piéger et les connaître peut nous être utile pour les déjouer.
BIAIS DE CONFIRMATION
Nous préférons aller vers ce qui nous correspond car nous aimons avoir raison. Ce biais altère notre lucidité en nous poussant à refuser tout ce qui peut remettre en question notre façon de penser, nos certitudes, nos convictions. On tend vers la mauvaise foi ! Ce biais est fortement utilisé par les réseaux sociaux qui analysent nos préférences et vont dans notre sens.
EFFET PYGMALION
Regardez cette courte vidéo et répondez à la question qui suit.
Attention : il n'y a aucun obstacle sur cette rue !!!
Le biais de conformisme
BIAIS DE STATU-QUO
BIAIS DE PERCEPTION SELECTIVE
Là où le biais de confirmation consiste à se focaliser sur les faits qui confirment ce que l’on pense déjà ou ce que l’on cherche à prouver, la perception sélective ignore inconsciemment certaines informations parce qu’elles ne passent pas les filtres culturels, de croyance, de société ou ne répondent pas à nos attentes.
BIAIS DE CONFORMISME
Rappel : A retenir
Des ressources pour la classe⚓
Pourquoi travailler le contrôle inhibiteur en classe ?⚓
Dès la maternelle, les élèves sont quotidiennement confrontés à des situations de conflits cognitifs. Ces situations sont difficiles car les élèves doivent apprendre à reconnaître les pièges mais également à sortir de leurs habitudes en y résistant.
C’est en développant les capacités d’inhibition que les élèves apprennent à forger leur esprit critique, et à devenir plus créatifs.
L’apprentissage du vivre ensemble, de la tolérance et du respect passe également par le contrôle inhibiteur.
Les élèves doivent apprendre à inhiber leurs propres points de vue, égocentrés afin de se construire la conscience de l’autre et l’empathie.
Réactiver les connaissances⚓
Quelques pistes pour travailler le contrôle inhibiteur avec les élèves⚓
1/ Expliciter aux élèves le fonctionnement de leur cerveau
2/ Jouer pour s'entraîner à inhiber
3/ Des activités de manipulation
4/ Apprendre à écouter
5/ Le numérique pour inhiber
6/ Travailler l'inhibition à travers l'Education aux Médias et à l'Information
1/ Expliciter aux élèves le fonctionnement de leur cerveau⚓
La vidéo proposée ci-après peut être un moyen de faire comprendre aux élèves (tout niveau) qu'ils font souvent des erreurs car ils ne savent pas inhiber des réponses trop rapides basées sur des automatismes (mémoire procédurale), ou des mots "pièges" (inducteurs).
2/ Jouer pour s'entraîner à inhiber⚓
Le jeu peut être un moyen d'exercer ses capacités d'inhibition.
L'organisation pédagogique peut revêtir différentes formes:
- En classe :
des séances en ateliers de manière ritualisée
des activités autonomes
des activités en groupe classe (coin regroupement en maternelle par exemple)
- En extérieur lors d'activités de motricité (maternelle) ou EPS
Démarche
Quel que soit le jeu et les modalités choisies, il s'agit de mettre en place des étapes :
Entraîner à l'automatisme = activation
Introduire des variables d'inhibition
Alterner afin d'éviter d'automatiser à nouveau
Conscientiser grâce à une réflexion métacognitive
Jouer pour s'entraîner à inhiber en classe
L’idéal est que l’entraînement se fasse de façon régulière.
On privilégiera donc plusieurs courtes séances dans la semaine (2 x 10 minutes par exemple), plutôt qu’une grosse séance de temps en temps.
L’enseignant peut alors prévoir dans l’emploi du temps des moments où la classe sera organisée en îlots (si ce n’est pas le cas au quotidien) pour faire des jeux en ateliers.
Jouer pour s'entraîner à inhiber en extérieur
Jacques a dit
Le roi du silence
Le furet
1,2, 3 soleil !
Chameau - Chamois (règle)
Jeu d'extérieur : les parcours piégés
Niveau : cycle 1 - cycle 2
Matériel : craies de couleurs ou cerceaux
Organisation : en extérieur ou salle de motricité - groupe de 12 élèves
Objectif :
Adapter ses équilibres et ses déplacements dans un environnement varié (programmes).
Développer les fonctions exécutives : adapter ses mouvements à une consigne.
Compétences:
Ajuster et enchaîner ses actions et ses déplacements en fonction d’obstacles à franchir.
Contrôler la spontanéité de son corps (inhiber).
Adaptation d’un activité proposée dans le livre "Entrainer le cerveau à résister", Marie Létang et Julien Garbarg-Chenon, Nathan 2020 »
3/ Atelier de manipulation qui met en jeu l'inhibition et la flexibilité mentale : classer des objets⚓
Niveau : cycle 1
Matériel : ours (ou autres objets) de couleurs et tailles différentes
feuille A4 avec ronds de couleurs et tailles différentes imprimés (ou dessinés)
Organisation : atelier dirigé de 5/6 enfants
Objectif : respecter des consignes et déjouer les pièges
Compétences:
Classer des objets en fonction de caractéristiques liées à leur couleur ou taille.
Inhiber des stratégies évidentes
Séquence 1 : respecter le modèle
Les élèves disposent d’une feuille A4 avec des ronds de couleurs et de tailles différentes (petit/moyen/grand).
Les élèves doivent disposer des personnages (ours, dinosaures, …) correspondant aux ronds de couleurs. Ils placent par exemple, un ours rouge sur un rond rouge. Dans ce 1er temps, les élèves se concentrent uniquement sur la couleur.
En 2ème séance ou 2ème partie de séance (cela dépend des compétences des élèves), l’enseignant(e) ajoute une contrainte : la taille.
Les élèves doivent respecter la double consigne : couleur et taille. Ils doivent placer par exemple un grand ours bleu sur un grand rond bleu
Séquence 2 : Inhiber la couleur
L’enseignant(e) change la consigne. Il faut maintenant faire le contraire de ce qui est demandé. Les élèves doivent inhiber la couleur donnée et placer un personnage d’une autre couleur sur le rond.
Selon les élèves, on peut leur demander de respecter ou non la taille.
Séquence 3 : inhiber couleur et taille
Il est demandé aux élèves d’inhiber la couleur et la taille. Sur un petit rond rouge, les élèves doivent placer tout sauf un petit ours rouge : un grand ours bleu par exemple.
4/ Apprendre à écouter l'autre avec "LECTURE A DEUX"⚓
veau cycle 1 : Moyenne section / Grande section
Matériel : un album de jeunesse au choix de l'enseignant
image d'une oreille
Organisation : les élèves sont en binôme
Objectif : Apprendre à écouter un autre élève sans intervenir.
Compétences: Communiquer avec les adultes et avec les autres enfants par le langage, en se faisant comprendre. Savoir écouter les autres.
D'après, les travaux d'Adèle Diamond (professeure de neurosciences à l'Université de la Colombie-Britannique, où elle est actuellement titulaire d'une chaire de recherche du Canada de ni
Déroulement :
Les élèves sont en binôme. Un des deux élèves doit raconter à son camarade une histoire à partir des images d’un album. L’histoire peut être connue ou non. L’autre élève doit écouter attentivement sans intervenir. Il doit inhiber sa prise de parole. Pour l’aider à attendre son tour, l’enseignant(e) donne le dessin d’une oreille à l’élève qui doit écouter l’histoire, en lui expliquant que le dessin signifie « ne parle pas, écoute ».
À la fin de l’histoire, les rôles changent.
Au bout de quelques séances, les élèves n’ont plus besoin d’aide visuelle pour inhiber la prise de parole.
5/ Quiz en ligne en équipe : prendre le temps de collaborer pour réussir⚓
est un site qui propose des exercices de mémorisation à partir de flashcards sur lesquelles on associe des termes et des définitions.
Quizlet live est une fonctionnalité de Quizlet. C’est un jeu qui permet la collaboration entre des groupes d’élèves. Les réponses possibles aux questions s’affichent, la concertation est impérative car la bonne réponse est sur un seul écran. La première équipe qui répond 12 fois sans faire d’erreur a gagné. Une seule erreur et l’équipe revient au début. Au vidéoprojecteur s’affichent les équipes et leur avancée.
Niveau : cycles 2, 3, 4
Avant la séance : créer un compte enseignant gratuit sur Quizlet et créer sa «liste».
Matériel :
- un ordinateur ou un appareil mobile par élève.
- une connexion Internet
- un vidéoprojecteur pour afficher l’avancée des équipes.
Organisation : les élèves sont en équipes de 3 ou 4 élèves et sont assis les uns à côté des autres.
Objectif : travailler la mémorisation et l’inhibition sous forme de jeux en présentiel.
Compétences : Mobiliser ses connaissances en équipe, se concerter et négocier une réponse.
Déroulement et principe du jeu : Ce jeu peut se jouer en début, milieu ou fin de séance. L’enseignant se connecte à son compte Quizlet et choisit une liste à étudier et lance le jeu. Les élèves se connectent grâce à un code qui s’affiche et renseignent un pseudo et non leur nom pour des raisons de protection des données.
Les élèves sont répartis immédiatement en équipes, ils se lèvent et s’assoient côte à côte.
Les équipes sont toutes confrontées au même ensemble de questions mais chaque membre de l’équipe voit apparaître différentes réponses possibles et seulement une personne par équipe détient la réponse exacte.
Les élèves doivent communiquer entre eux pour choisir la bonne réponse et avancer dans le jeu. Un seul élève par équipe clique sur la réponse choisie.
Pendant le jeu, l’écran de l’enseignant agit comme un tableau de résultats instantanés qui suit la progression de chaque équipe et rend la compétition encore plus animée.
Si une équipe choisit la mauvaise réponse, celle-ci repart au tout début de la ligne.
Donc choisir rapidement une réponse ne fonctionne pas.
Meilleure est la collaboration au sein de l’équipe, plus le jeu avancera vite. Le jeu s’arrête lorsque la première équipe répond correctement à toutes les questions d’affilée. Il est possible de rejouer en gardant les mêmes équipes ou en les remélangeant.
6/ Apprendre à inhiber à travers l'Education aux Médias et à l'Information⚓
Le Clemi propose des ressources clés en main du cycle 3 au lycée
Déclic' Critique
Objectifs :
Proposer des activités pour que les élèves acquièrent des réflexes de vérification.
Déclencher un déclic pour développer leur esprit critique.
Retrouver des séances complètes sur le site du CLEMI Lien
Classe investigation
Objectifs :
Plonger les élèves dans une enquête journalistique immersive.
Les différents scénarios permettent de travailler sur la façon dont l’information se fabrique : hiérarchie de l’information, choix des sources, responsabilité du journaliste, contraintes du métier…
Retrouver le kit complet du jeu Lien
Ressources⚓
Bibliographie
Le cerveau et les apprentissages, Houdé & Borst, 2018, Nathan,
Apprendre à résister, Houdé, 2019, Le Pommier.
Cognitive Function. In: Michalos A.C. (eds) Encyclopedia of Quality of Life and Well-Being Research. Springer, Dordrecht, Kiely, K.M.2014
Adèle DIAMOND, article « Apprendre à apprendre », Les dossiers de la recherche n°34 de février 2009.
A.R. Aron, 2008 Progress in Executive function Research: From tasks, to functions to regions to networks. Current Directions in Psychological Science, 17(2):124-9.
Outils pour la classe :
Houdé O. & Borst G. (2018). Mon cerveau. Questions/Réponses. Nathan : Paris.
Houdé O. & Borst G. (2019). Explore ton cerveau. Nathan : Paris.
Létang M. & Garbarg-Chenon J. (2020). Entraîner le cerveau à résister. Lecteurs CP > CM2. Nathan : Paris.
Garbarg-Chenon J. & Létang M. (2020). Entraîner le cerveau à résister. Non-lecteurs PS > CP. Nathan : Paris.
Flexigame, Nathan – Jeux éducatifs pour entrainer la flexibilité cognitive et l’inhibition des élèves de maternelle
Lea.fr où sont proposées des expérimentations scientifiques de la maternelle au collège, autour des sciences cognitives
Sitographie
www.lea.fr où sont proposés des expérimentations scientifiques de la maternelle au collège, autour des sciences cognitives
Vidéo : Notre CERVEAU face aux FAKE NEWS - ALBERT MOUKHEIBER https://www.youtube.com/watch?v=-esftB-2F4I
Petit guide des biais cognitifs, à télécharger, https://www.universite-paris-saclay.fr/sites/default/files/media/2020-02/biais-cognitifs-guide-atelierfbjip2018.pdf